PORTRAIT D’EX-ETUDIANT DU COLLÈGE SALETTE
Philippe Tardif a eu très jeune la piqûre du design graphique. Il s’est prêté avec enthousiasme à notre jeu de « question-réponse » et nous dévoile son parcours, sa perception du métier et les enjeux actuels liés aux technologies numériques.
Q/ Collège Salette/ESMA – École Supérieure des Métiers Artistiques : Parlez-nous de votre rôle au sein de La Presse et de votre apport au projet La Presse+?
R/ Philippe Tardif : Je suis journaliste-graphiste et par conséquent je suis au service de l’information. Mon travail consiste essentiellement à rendre l’information compréhensible et belle. Une donnée juste et intéressante traitée de façon simple et claire permet de mieux comprendre un enjeu précis.
Après de nombreuses années passées au papier, mon mandat au sein de l’équipe de designers de La Presse+ consiste à développer des approches novatrices, originales et esthétiques dans la façon de présenter l’information sur notre plateforme numérique.
C.S./ Quelle est votre vision de votre métier?
P.T./ Le monde des médias vit présentement un changement de paradigme. Il ne faut plus seulement s’adapter : il faut innover. Nous sommes en train de passer d’un système à un autre, c’est formidable. L’information aujourd´hui c’est : « any where, any time, any device ».
La demande est également intense à toute heure du jour. Je vois dans cette révolution de l’accès à la connaissance, un précédent historique. Avec les nouvelles générations qui ont déjà l’habitude des tablettes et des écrans, l’information sera de plus en plus ouverte, gratuite, mais aussi en libre accès. Qu’adviendra-t-il de la nature de l’information ? Deviendra-t-elle une expérience ludique ou simplement l’expression de témoignages et d’émotions ? Qui sait… Je crois d’ailleurs que le plus grand défi auquel les designers doivent faire face actuellement est la durabilité.
C.S./ Qu’est-ce qui caractérise votre façon de travailler?
P.T./ Rigueur, simplicité et clarté. J’aime beaucoup traiter les sujets de façon ludique, lorsque c’est possible.
C.S./ Qu’est-ce qui vous inspire ou vous passionne dans votre métier?
P.T./ La nouveauté.
C.S./ Y a-t-il eu un déclencheur qui vous a amené à exercer votre métier? Si oui, quel est-il?
P.T./ J’ai aimé le dessin dès un très jeune âge. Quand j’étais enfant, mon père m’amenait souvent bouquiner au Palais du livre de Montréal. J’y ai découvert le magazine français Métal Hurlant. Ce fut mon premier contact avec la BD et une véritable révélation pour moi…
Je crois qu’un autre élément marquant fut un livre que ma mère m’a donné : la 17e édition du magnifique SpeedBall Text Book de Ross F. George (que je possède toujours). J’ai commencé à m’intéresser à la typographie et à reproduire des caractères avec des plumes SpeedBall et de l’encre que j’achetais au Pavillon des Arts, rue Saint-Denis, un lieu que je fréquentais dès que j’en avais l’occasion ou les moyens, c’est selon (que d’argent investi dans des feuilles de Letraset et des plumes techniques de marque Rotring !).
Adolescent je me suis mis à collectionner les BD de Mœbius, Druillet et Bilal pour ne nommer que ceux-ci. Ma plus forte influence demeure celle de Reiser, ce qui est assez drôle. … J’ai toujours voulu être un graphiste.
C.S./ Ex-étudiant Salette, avez-vous une anecdote à partager sur votre passage au Collège?
P.T./ Je me souviens avoir travaillé avec du Rubylith lors de mes études. Pour ceux qui ignorent ce qu’est le rubylith, tapez le mot «préhistoire» dans Google 😉
C.S./ Quelles raisons vous poussent à venir enseigner aux étudiants de Salette?
P.T./ Je veux provoquer des tsunamis ! Je veux donner aux étudiants une piste de réflexion sur le sens réel de ce que représente le métier de designer graphique.
Exercer un métier créatif, c’est avant tout se poser des questions avant de tenter d’apporter des réponses. Je cherche à provoquer chez les élèves ce fameux déclic qui fera naître l’envie de faire du design et d’en savoir davantage sur les responsabilités, les principes et les valeurs qui sont reliés au métier. L’enseignement ne doit pas seulement transmettre des connaissances, il doit doter les élèves de compétences et d’attitudes pertinentes. J’espère qu’en leur apportant un éclairage extérieur ils seront mieux préparés à affronter les réalités qui les attendent tout au long de leur carrière.
C.S./ Qu’est-ce que la créativité selon vous?
P.T./ La créativité, c’est un état d’esprit.
COURTE BIOGRAPHIE
Philippe Tardif travaille dans les communications graphiques depuis 1995. Il a travaillé en tant que directeur artistique en agence de publicité, mais aussi dans le domaine de la muséologie, en multimédia et en imprimé. Depuis 2005, Philippe Tardif est journaliste-graphiste à La Presse. Il fait partie de l’équipe des projets spéciaux de La Presse+, l’édition numérique gratuite de La Presse. Philippe Tardif s’est distingué à plusieurs reprises par des prix d’excellence au Québec, au Canada, ainsi qu’à l’étranger. Depuis 2011, Philippe Tardif donne régulièrement des conférences aux étudiants du Collège Salette/ESMA – École Supérieure des Métiers Artistiques pour transmettre ses connaissances et partager son expérience professionnelle avec la relève.
PRIX ET MENTIONS (liste partielle)